Bonjour à tous,
Le sujet que nous allons étudier s’intitule « les spécificités de l’Organisation Mondiale du Commerce ».
Instituée le 15 avril 1994 par l’Accord de Marrakech, l’OMC est chargé de veiller à la liberté du commerce en éliminant les restrictions. Elle est en vertu de l’article II paragraphe 1 de l’accord instituant l’OMC (texte concernant à titre principal les aspects institutionnels de l’OMC) : « le cadre institutionnel commun pour la conduite des relations commerciales entre ses membres en ce qui concerne les questions liées aux accords et instruments juridiques connexes ». Les accords de l’OMC occupent une place centrale et constituent les règles juridiques de base pour le commerce international et la politique commerciale.
Ils visent trois objectifs principaux :
- Favoriser autant que possible la liberté des échanges
- Poursuivre progressivement la libéralisation par voie de négociation
-Et enfin, instituer un moyen impartial de règlement des différends
La nécessité de gérer et d’élaborer un ensemble de règles communes pour régir le commerce, lesquelles imposent une certaine discipline à la conduite des politiques commerciales des Etats membres n’est pas nouvelle. En effet, on constate que la première tentative de réglementation du commerce internationale remonte à la fin de la Première guerre mondiale. Le président Wilson invitait déjà en 1919 les nations à l’abandon des restrictions aux échanges pour revenir à un système de liberté conciliant la souveraineté nationale et l’intérêt général en préconisant la : «Suppression autant que possible de toutes les barrières économiques et établissement de conditions commerciales égales pour toutes les nations consentant à la paix et s’associant à son maintien ».
Malgré cette ambition affichée de mettre fin à la poussée protectionniste des Etats, celle-ci n’a pas été entendue lors des conférences qui se sont déroulées à Bruxelles en 1920, à Gênes en 1927 et à Londres en 1933 en raison de la crise économique mondiale qui a renforcé le nationalisme commercial. Le concept de système commercial multilatéral va germer aux Etats-Unis à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Des négociations vont alors se poursuivre pendant trois ans et vont abouti en 1948 lors de la Conférence de La Havane à l’adoption d’une Charte instituant une Organisation internationale du commerce (OIC) et prévoyant un corps de règles afin d’encourager le commerce international. Cette Charte va néanmoins constituer un échec en raison de sa non ratification par les Etats-Unis. Un groupe de 23 pays vont tout de même décider de donner naissance en 1947 à l’adoption de la IV partie intitulée « politique commerciale »du projet initial sous forme de concessions réciproques lesquelles sont inscrites dans un accord de commerce multilatérale intitulée : « l’Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce (GATT). Cet accord a été signé à Genève le 30 octobre 1947 et est entré en vigueur le 1 janvier 1948. Conçu comme un « accord provisoire », le Gatt va dès les années 70, se révéler être un instrument inadapté et peu efficace. Les Parties Contractantes vont alors émettre l’idée de la création d’une nouvelle organisation mondiale du commerce lors du dernier cycle d’Uruguay Round. Ce dernier s’est achevé par un accord final paraphé le 15 décembre 1993 à Genève. Celui-ci reprenant les résultats du cycle fut signé par 111 Etats lors de la conférence ministérielle de Marrakech en date du 15 avril 1994.
L’apport de cet accord est considérable. En effet, il va créer une nouvelle organisation internationale originale : l’OMC, chargé de s’occuper des règles régissant le commerce entre les pays.
S’interroger sur « les spécificités de l’Organisation mondiale du commerce », implique de répondre à différentes questions :
• Par rapport à quel référent, apprécie-t-on ces spécificités ?
• Comment se manifestent ces spécificités ?
• Ces spécificités risquent-elles d’évoluer du fait d’une future réforme ?
On constate que les spécificités de l’OMC sont doubles. En effet, l’OMC se distingue non seulement de son parent : le Gatt mais également des autres organisations économiques internationales.
Concernant le Gatt, on constate que même si l’OMC s’inscrit dans la continuité par rapport à celui ci, il n’en demeure pas moins qu’elle présente tout de même une certaine rupture avec ce dernier. En effet, l’OMC se présente comme un cadre institutionnel et matériel renforcé par rapport au Gatt en matière de commerce international. Le renforcement institutionnel de l’OMC se traduit par la consécration non seulement d’une organisation internationale sui generis mais aussi par celle d’un nouvel organe quasi-juridictionnel de règlement des différends. En outre, l’OMC se distingue également du Gatt par la mise en place d’une réglementation accrue et plus contraignante.
L’OMC présente également à l’égard des autres OEI des spécificités qui tiennent non seulement à son fonctionnement mais également à sa nature.
Les particularités de l’OMC tenant à son fonctionnement se manifestent tant par la singularité de sa procédure d’admission que par l’unicité de son mode de décision. Celles relatives à sa nature se traduisent par une OEI mixte originale bien que très contestée.
Pour répondre à la question des spécificités de l’OMC, nous adopterons donc le plan suivant (sous réserve de modifications ultérieures) :
Plan:
I) Un cadre institutionnel et matériel renforcé par rapport au GATT :
A/ L’établissement par l’OMC d’un cadre institutionnel renforcé
1) La consécration d’une organisation internationale sui generis
2) La consécration d’un nouvel instrument de règlement des différends
B/ L’établissement par l’OMC d’une réglementation accrue et plus contraignante
1) La confirmation et le renforcement des principes hérités du GATT
2) La mise en place d’un système de règles plus étendu et plus contraignant
II) Une originalité institutionnelle et substantielle par rapport aux autres OEI :
A/ Les particularités de l’OMC tenant à son fonctionnement
1) La singularité de sa procédure d’admission
2) L’unicité de son mode de décision
B/ Les particularités de l’OMC tenant à sa nature
1) Une OEI mixte inédite
2) Une OEI contestée